Capitale de la folie, Le Figaro Littéraire. Sur Hôtel Brasilia, de João Almino, par Sébastien Lapaque

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LE FIGARO
Littéraire

Le 15 novembre 2012

LIVRE

JOAO ALMINO

CAPITALE DE LA FOLIE

La construction de Brasília en forme d’épopée romanesque.

LORSQU’IL vint au Brésil dans les années 1920, Blaise Cendrars fut fasciné par l’énergie cubiste de Sao Paulo et la prodigieuse vitalité de ses habitants. Il l’a d’ailleurs chanté dans un fameux poème : « J’adore cette ville/SaintPaul est selon mon coeur/Ici nulle tradition/Aucun préjugé/Ni ancien ni moderne/Seuls comptent cet appétit furieux, cette confiance absolue, cet optimisme, cette audace, ce travail, ce labeur, cette spéculation, qui font construire dix maisons par heure de tous styles, ridicules, grotesques, beaux, grands et petits, nord et sud, égyptiens, yankees, cubistes. » Dix ans plus tard, Claude Lévi-Strauss fut à son tour émerveillé par cette ville où l’on construisait une maison par heure. Mais dans le cubisme et dans l’énergie, le meilleur restait à venir avec l’édification de Brasília, ville surgie en trois ans au milieu du désert.

Illuminés

L’idée de cette ville, explique un des personnages du premier livre de Joao Almino traduit en français, serait venue au président Kubitschek lors d’une visite des ruines d’Akhetaton, la première capitale planifiée du monde bâtie en Égypte au XIVe avant Jésus-Christ.

D’autres personnages ont des interprétations différentes, plus mystiques, voire franchement surnaturelles. Ils parlent de prophéties et d’extraterrestres. Leur folie et leur fièvre sont un des mobiles du roman. Mais Hôtel Brasília, qui met en scène le destin de quelques pionniers des années 1957-1960, n’est pas seulement une histoire d’illuminés. On y croise des ouvriers, des ingénieurs, des architectes. Certains construisent des églises pour le salut, d’autres des hôtels pour le lucre. Beaucoup d’entre eux sont des rêveurs éveillés. À un moment du livre, une femme dit quelque chose de joli, très caractéristique de la mentalité brésilienne : « Il vaut mieux construire Brasília que la bombe atomique, le rêve est préférable à la peur. »

Cette femme est le porte-parole du romancier. Écrivain, essayiste, consul général du Brésil à Madrid, Joao Almino est né dans le Rio Grande do Norte en 1950. Il a découvert Brasília en 1970, ainsi que le laisse entendre son roman présenté comme le témoignage d’un pionnier de la Novacap auquel il aurait donné une forme littéraire avant qu’il ne paraisse sous forme de blog…

Il y a dans cette double mise en abyme une facétie chère à la littérature brésilienne contemporaine qui produit un effet de réel ensorcelant. Fiction, document, épopée, Hôtel Brasília éclaire la geste héroïque et technique des bâtisseurs de la nouvelle capitale brésilienne en n’oubliant pas de rappeler que le triomphe des uns fut payé par l’écrasement des autres.

SÉBASTIEN LAPAQUE

LE FIGARO
Littéraire

Le 15 novembre 2012

LIVRE

JOAO ALMINO

CAPITALE DE LA FOLIE

La construction de Brasília en forme d’épopée romanesque.

LORSQU’IL vint au Brésil dans les années 1920, Blaise Cendrars fut fasciné par l’énergie cubiste de Sao Paulo et la prodigieuse vitalité de ses habitants. Il l’a d’ailleurs chanté dans un fameux poème : « J’adore cette ville/SaintPaul est selon mon coeur/Ici nulle tradition/Aucun préjugé/Ni ancien ni moderne/Seuls comptent cet appétit furieux, cette confiance absolue, cet optimisme, cette audace, ce travail, ce labeur, cette spéculation, qui font construire dix maisons par heure de tous styles, ridicules, grotesques, beaux, grands et petits, nord et sud, égyptiens, yankees, cubistes. » Dix ans plus tard, Claude Lévi-Strauss fut à son tour émerveillé par cette ville où l’on construisait une maison par heure. Mais dans le cubisme et dans l’énergie, le meilleur restait à venir avec l’édification de Brasília, ville surgie en trois ans au milieu du désert.

Illuminés

L’idée de cette ville, explique un des personnages du premier livre de Joao Almino traduit en français, serait venue au président Kubitschek lors d’une visite des ruines d’Akhetaton, la première capitale planifiée du monde bâtie en Égypte au XIVe avant Jésus-Christ.

D’autres personnages ont des interprétations différentes, plus mystiques, voire franchement surnaturelles. Ils parlent de prophéties et d’extraterrestres. Leur folie et leur fièvre sont un des mobiles du roman. Mais Hôtel Brasília, qui met en scène le destin de quelques pionniers des années 1957-1960, n’est pas seulement une histoire d’illuminés. On y croise des ouvriers, des ingénieurs, des architectes. Certains construisent des églises pour le salut, d’autres des hôtels pour le lucre. Beaucoup d’entre eux sont des rêveurs éveillés. À un moment du livre, une femme dit quelque chose de joli, très caractéristique de la mentalité brésilienne : « Il vaut mieux construire Brasília que la bombe atomique, le rêve est préférable à la peur. »

Cette femme est le porte-parole du romancier. Écrivain, essayiste, consul général du Brésil à Madrid, Joao Almino est né dans le Rio Grande do Norte en 1950. Il a découvert Brasília en 1970, ainsi que le laisse entendre son roman présenté comme le témoignage d’un pionnier de la Novacap auquel il aurait donné une forme littéraire avant qu’il ne paraisse sous forme de blog…

Il y a dans cette double mise en abyme une facétie chère à la littérature brésilienne contemporaine qui produit un effet de réel ensorcelant. Fiction, document, épopée, Hôtel Brasília éclaire la geste héroïque et technique des bâtisseurs de la nouvelle capitale brésilienne en n’oubliant pas de rappeler que le triomphe des uns fut payé par l’écrasement des autres.

SÉBASTIEN LAPAQUE

LE FIGARO
Littéraire

Le 15 novembre 2012

LIVRE

JOAO ALMINO

CAPITALE DE LA FOLIE

La construction de Brasília en forme d’épopée romanesque.

LORSQU’IL vint au Brésil dans les années 1920, Blaise Cendrars fut fasciné par l’énergie cubiste de Sao Paulo et la prodigieuse vitalité de ses habitants. Il l’a d’ailleurs chanté dans un fameux poème : « J’adore cette ville/SaintPaul est selon mon coeur/Ici nulle tradition/Aucun préjugé/Ni ancien ni moderne/Seuls comptent cet appétit furieux, cette confiance absolue, cet optimisme, cette audace, ce travail, ce labeur, cette spéculation, qui font construire dix maisons par heure de tous styles, ridicules, grotesques, beaux, grands et petits, nord et sud, égyptiens, yankees, cubistes. » Dix ans plus tard, Claude Lévi-Strauss fut à son tour émerveillé par cette ville où l’on construisait une maison par heure. Mais dans le cubisme et dans l’énergie, le meilleur restait à venir avec l’édification de Brasília, ville surgie en trois ans au milieu du désert.

Illuminés

L’idée de cette ville, explique un des personnages du premier livre de Joao Almino traduit en français, serait venue au président Kubitschek lors d’une visite des ruines d’Akhetaton, la première capitale planifiée du monde bâtie en Égypte au XIVe avant Jésus-Christ.

D’autres personnages ont des interprétations différentes, plus mystiques, voire franchement surnaturelles. Ils parlent de prophéties et d’extraterrestres. Leur folie et leur fièvre sont un des mobiles du roman. Mais Hôtel Brasília, qui met en scène le destin de quelques pionniers des années 1957-1960, n’est pas seulement une histoire d’illuminés. On y croise des ouvriers, des ingénieurs, des architectes. Certains construisent des églises pour le salut, d’autres des hôtels pour le lucre. Beaucoup d’entre eux sont des rêveurs éveillés. À un moment du livre, une femme dit quelque chose de joli, très caractéristique de la mentalité brésilienne : « Il vaut mieux construire Brasília que la bombe atomique, le rêve est préférable à la peur. »

Cette femme est le porte-parole du romancier. Écrivain, essayiste, consul général du Brésil à Madrid, Joao Almino est né dans le Rio Grande do Norte en 1950. Il a découvert Brasília en 1970, ainsi que le laisse entendre son roman présenté comme le témoignage d’un pionnier de la Novacap auquel il aurait donné une forme littéraire avant qu’il ne paraisse sous forme de blog…

Il y a dans cette double mise en abyme une facétie chère à la littérature brésilienne contemporaine qui produit un effet de réel ensorcelant. Fiction, document, épopée, Hôtel Brasília éclaire la geste héroïque et technique des bâtisseurs de la nouvelle capitale brésilienne en n’oubliant pas de rappeler que le triomphe des uns fut payé par l’écrasement des autres.

SÉBASTIEN LAPAQUE

LIVRE

JOAO ALMINO

CAPITALE DE LA FOLIE

La construction de Brasília en forme d’épopée romanesque.

LORSQU’IL vint au Brésil dans les années 1920, Blaise Cendrars fut fasciné par l’énergie cubiste de Sao Paulo et la prodigieuse vitalité de ses habitants. Il l’a d’ailleurs chanté dans un fameux poème : « J’adore cette ville/SaintPaul est selon mon coeur/Ici nulle tradition/Aucun préjugé/Ni ancien ni moderne/Seuls comptent cet appétit furieux, cette confiance absolue, cet optimisme, cette audace, ce travail, ce labeur, cette spéculation, qui font construire dix maisons par heure de tous styles, ridicules, grotesques, beaux, grands et petits, nord et sud, égyptiens, yankees, cubistes. » Dix ans plus tard, Claude Lévi-Strauss fut à son tour émerveillé par cette ville où l’on construisait une maison par heure. Mais dans le cubisme et dans l’énergie, le meilleur restait à venir avec l’édification de Brasília, ville surgie en trois ans au milieu du désert.

Illuminés

L’idée de cette ville, explique un des personnages du premier livre de Joao Almino traduit en français, serait venue au président Kubitschek lors d’une visite des ruines d’Akhetaton, la première capitale planifiée du monde bâtie en Égypte au XIVe avant Jésus-Christ.

D’autres personnages ont des interprétations différentes, plus mystiques, voire franchement surnaturelles. Ils parlent de prophéties et d’extraterrestres. Leur folie et leur fièvre sont un des mobiles du roman. Mais Hôtel Brasília, qui met en scène le destin de quelques pionniers des années 1957-1960, n’est pas seulement une histoire d’illuminés. On y croise des ouvriers, des ingénieurs, des architectes. Certains construisent des églises pour le salut, d’autres des hôtels pour le lucre. Beaucoup d’entre eux sont des rêveurs éveillés. À un moment du livre, une femme dit quelque chose de joli, très caractéristique de la mentalité brésilienne : « Il vaut mieux construire Brasília que la bombe atomique, le rêve est préférable à la peur. »

Cette femme est le porte-parole du romancier. Écrivain, essayiste, consul général du Brésil à Madrid, Joao Almino est né dans le Rio Grande do Norte en 1950. Il a découvert Brasília en 1970, ainsi que le laisse entendre son roman présenté comme le témoignage d’un pionnier de la Novacap auquel il aurait donné une forme littéraire avant qu’il ne paraisse sous forme de blog…

Il y a dans cette double mise en abyme une facétie chère à la littérature brésilienne contemporaine qui produit un effet de réel ensorcelant. Fiction, document, épopée, Hôtel Brasília éclaire la geste héroïque et technique des bâtisseurs de la nouvelle capitale brésilienne en n’oubliant pas de rappeler que le triomphe des uns fut payé par l’écrasement des autres.

SÉBASTIEN LAPAQUE